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TPAMODE
17 janvier 2007

Les Incroyables et les Merveilleuses [modifier]

Les Incroyables et les Merveilleuses [modifier]

Un Incroyable et une Merveilleuse

Un Incroyable et une Merveilleuse

Une fureur de divertissement s'est emparée de la société du Directoire. Depuis que la Terreur est terminée et que l'on a démonté la guillotine, la jouissance est à l'ordre du jour. Ne faut-il pas rattraper le temps perdu? Les jolies femmes cèdent à la mode de l'antiquomanie : robes à la Diane ou à la Flore, tuniques couleur chair largement ouvertes sur le flanc et au décolleté généreux. On se vêt, ou plutôt on se dévêt de tulle, de gaze ou de linon transparent qui ne cache rien des formes. L'exposition des produits de l'industrie nationale organisée en 1798, témoigne de cet engouement pour le luxe.

La nudité est à l'ordre du jour : après l'ère des sans-culottes est venue celle des sans-chemises ! Mais le grand luxe de ces Merveilleuses - c'est ainsi qu'on appelle les beautés du temps - c'est la perruque, ou plutôt la multitude de perruques, car il en existe pour toutes les heures du jour : généralement blondes, on en voit des noires, des bleues, des vertes …

Et les cavaliers de ces dames? On les nomme les Incroyables, ou plutôt les Incoyables, car ils jugent élégant de supprimer les r (le R de Révolution , de Roi ou ceux qu'on entend dans Terreur) et même toutes les consonnes, devenant ainsi presque inintelligibles. Ces godelureaux arborent des accoutrements excentriques : habit vert à grands godets, taille pincée, large culotte, énorme cravate sous laquelle le menton disparaît. Ils ont le nez chaussé de grosses lunettes et sont coiffés en « pattes de chien », leurs cheveux tombant sur les oreilles. Leurs parfums à base de musc leur valent aussi le surnom de « muscadins ». Le bicorne sur la tête, ils tiennent en main un gourdin qu'ils appellent leur « pouvoir exécutif » et grâce auquel ils peuvent tenir le haut du pavé. Malheur à qui ne leur céderait pas la place!

Cette jeunesse dorée, qui dépense sans compter, se retrouve à Paris dans tous les lieux à la mode : théâtres, tripots, glaciers, Tivoli ou Frascati, allée des veuves aux Champs-Élysées ou galerie du Palais-Royal. La danse est à l'honneur et les bals publics pullulent. Élégants et élégantes se vantent de fréquenter les plus renommées des « Merveilleuses » : Mlle Lange, Mme Tallien, Mme Récamier, ou deux créoles très recherchées, les citoyennes Beauharnais et Hamelin. Leur protecteur, Barras, est un personnage influent auquel il est bon de faire sa cour : il donne d'ailleurs des fêtes d'un luxe inouï, où se presse une société disparate : royalistes et jacobins repentis, grandes dames et courtisanes. Les mœurs sont libres : on divorce pour se remarier et redivorcer au plus vite. Cette classe de nouveau riche, que la vente aux armées et l'agiotage a enrichi, devait connaître une mise au pas et un certain regain de sobriété et de pudeur lors de l'avènement du premier consul[1].

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